Mes débuts, mes premiers tangos

Très déçu par un spectacle international dit de tango argentin, à Paris en 1997, je me suis dit que le tango ne pouvait pas être ces pitreries scéniques qui déclenchaient les inévitables standing-ovations du public parisien : « celui qui redonne vie au tango quand celui-ci est en danger de mort… » !

Je me suis dit que l’on peut faire du spectacle tout en respectant la culture qui en inspire le sujet.

Je confiai ma déception à un ami et ma certitude que « là-bas » ce devait être autre chose : il suffisait d’écouter certains tangos…
Je suis rentré à Nevers décidé à tourner, tristement, la page du tango argentin.
Une semaine est passée, un coup de téléphone : « Allo Norbert ? Tu avais raison, le tango, c’est autre chose. » Mon ami m’appelait de Buenos Aires ! Le lendemain, je prenais mon billet d’avion et le 27 février 97, « j’y étais » !

Comment s’y prendre pour apprendre ? Un cours par ci, un cours par là, dans une salle de bal ou en passant devant un bistrot : une affichette « Tango : 5 pesos »... Pas de programme, on prend le cours en marche, tous niveaux confondus, différent selon le professeur, mais bon !

J’ai eu la chance de faire la connaissance de Zulema, une très bonne danseuse, qui m’a proposé gentiment de me servir de partenaire quand elle le pouvait.
Deux mois s’écoulèrent dont quinze jours consacrés à Yguazu et la Patagonie et un mois et demi à la visite de B.A. et les cours. Le temps est vite passé et j’étais très déçu à la fin de mon séjour en éprouvant la triste impression que je n’avais rien appris qui me rende capable de danser comme un milonguero.

La veille de mon retour en France, je me suis rendu à la milonga du Torquato Tasso pour faire mes adieux à Zulema et nous avons dansé.
Je ne sais toujours pas comment, porté par la musique, j’ai pu danser, improviser, avec une sensation, inoubliable, de totale liberté : je dansais le TANGO ARGENTIN ! à Buenos Aires ! et avec une milonguera de talent dont les pieds et les miens allaient l’amble ! Le nirvâna ! En six semaines !

Mon intuition, à Paris, ne m’avait pas trompé.

Après un mois et demi de tarmac, je décollais, grâce à la musique qui me « rentrait par les oreilles et ressortait par les pieds » mais grâce aussi à Zulema et sa fluidité : sans elle et sans le battement de cœur du tango, qu’aurais-je pu faire ?

J’ai embarqué le 29 avril avec un énorme excédent de bagage mais au guichet on m’a dit que le bonheur n’avait pas de prix !

N.B. Sur le plan pédagogique, je dois dire que pendant le mois et demi consacré à mes cours, jamais aucun professeur ne « m’a fait marcher »(sic). Je n’ai entendu parler ni de posture, ni de guidage, ni de connexion, ni d’altérations, j’en passe, dans le style « tête de gondole », additifs et conservateurs…

Ci-dessous :
Vidéo : Premiers cours, premiers tangos



Si la barre de lecture n'apparaît pas, passer la souris sur le cadre.

Si vous voulez en voir plus, cliquez ici